Le Normand Nicolas Lebel et son épouse Thérèse Mignault, née dans la colonie de parents français, s’établissent dans la seigneurie de La Pocatière avec d’autres membres de la famille Mignault. Ils sont les ancêtres de la plupart des Lebel d’Amérique.
Crédit : Parcours Fil Rouge
Leurs nombreux descendants, incluant une trentaine de petits-enfants, perpétuent le nom de Lebel, principalement au Québec. À la fin du XXe siècle, le patronyme Lebel figure au 180e rang des noms de famille du Québec.
Nicolas arrive à la Grande-Anse avec sa famille au milieu des années 1670, suivant son beau-père Jean Mignault dit Châtillon et ses beaux-frères Jean Grondin et Noël Pelletier. Ils font partie des premiers colons de La Pocatière établis sur les terres de la seigneuresse Marie-Anne Juchereau.
Nicolas Lebel décède peu après son arrivée. Thérèse se remarie avec le veuf René Ouellet, avec qui elle a huit autres enfants. Ils résident à la Grande-Anse, mais il n’est pas certain qu’ils habitent Rivière-Ouelle, malgré la concession de terres à René.
Thérèse Mignault est mère de 12 enfants Lebel et Ouellet, et de nombreux petits-enfants et descendants portant des noms bien présents au Kamouraska : Pelletier, Minier-Lagacé, Boucher, Choret…
Trois sœurs de Thérèse contribuent également au peuplement du Kamouraska : Madeleine, épouse de Noël Pelletier ; Xainte (Sainte), épouse de Jean Grondin ; et Charlotte, épouse de Jean Dionne, pionnier de la seigneurie de Kamouraska y ayant reçu des terres entre 1694 et 1712
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La terre concédée à Nicolas Lebel dans la Grande-Anse de la seigneurie de La Pocatière mesure 4 arpents de front sur 42 de profondeur. Le beau-père de Nicolas, Jean Mignault, et ses beaux-frères Grondin et Pelletier s’installent également à proximité.
Nicolas Juchereau, propriétaire de la seigneurie de la Grande-Anse depuis 1656, n’y habite pas, mais il développe ses terres en les cédant à des proches. En 1670, Juchereau cède une partie de sa seigneurie à son gendre Pollet de La Combe-Pocatière, époux de sa fille Marie-Anne. Après le décès de La Combe-Pocatière en 1672, l’intendant Talon concède ce territoire à Marie-Anne Juchereau, qui devient la seigneuresse de La Pocatière et concède une terre à Nicolas Lebel dans sa seigneurie.
Nicolas y décède peu après son arrivée et Thérèse se remarie avec René Ouellet. Ce dernier, vivant avant sa mort à la Grande-Anse chez son fils aîné Abraham-Joseph Ouellet, cède par testament la terre cultivée par Nicolas Lebel à la paroisse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour y ériger la future église.
Un monument en hommage à René Ouellet et sa famille est érigé sur le site avec deux autres monuments à la mémoire de Nicolas Lebel et de Jean Grondin ajoutés à la fin des années 1990.
Nous ne connaissons pas le port par lequel Nicolas Lebel quitte la France ni la date exacte de sa traversée, mais il est présent dans la colonie, à Château-Richer, en 1657. Devenu veuf sans enfant.
Nicolas quitte Château-Richer pour Beauport, où il rencontre Jean Mignault, son épouse Louise Cloutier, et leurs enfants, dont Thérèse, qu’il épouse en 1665. Thérèse et Nicolas ont quatre enfants, trois garçons et une fille, qui se marient tous.
Nicolas Lebel, né vers 1633 à Illeville-sur-Montfort près de Rouen, est le fils de Clément Lebel et Françoise Lagnel. Ses sœurs Marguerite et Colette sont également baptisées dans cette paroisse.
Lorsqu’il arrive en Nouvelle-France, nous ignorons s’il est engagé par Pierre Gagnon ou Jean Cauchon, mais le 13 mai 1657, ces derniers lui cèdent chacun une parcelle de terre à Château-Richer. Cette propriété se situerait aujourd’hui à environ 22 arpents à l’est de la rivière du Sault-à-la-Puce, sur le Chemin du Roi, selon l’Association des Lebel d’Amérique.
Nicolas est confirmé par Mgr de Laval à l’église de Château-Richer le 2 février 1660, avec 174 autres personnes, dont 36 sont originaires de la région de Rouen.
Le 28 novembre 1662, Nicolas Lebel épouse Marie Drouin, âgée de douze ans, fille aînée des pionniers Robert Drouin et Marie Chapelier. Ce mariage est de courte durée, car Marie se noie sans avoir eu d’enfant au printemps 1664 dans la rivière aux Chiens.
Nicolas se remarie avec Thérèse Mignault en 1665. Une dizaine d’années plus tard, soit peu après leur arrivée dans la seigneurie de La Pocatière, Nicolas décède à une date inconnue située entre juillet 1677 (baptême de son fils Joseph) et février 1679 (mariage de Thérèse avec René Ouellet). Il aurait été inhumé dans le cimetière de la paroisse Notre-Dame-de-Liesse de la seigneurie de La Bouteillerie (Rivière-Ouelle).
Thérèse Mignault, baptisée le 15 septembre 1651 à Québec, est la fille de Jean Mignault et de Louise Cloutier, mariés le 10 novembre 1648. À 14 ans, Thérèse signe son contrat de mariage avec Nicolas Lebel, le 29 mars 1665, et la cérémonie a lieu à Château-Richer. Ils ont quatre enfants avant que Thérèse ne devienne veuve vers 1678, héritant de la terre familiale et de la responsabilité de ses enfants.
Le 6 février 1679, Thérèse, âgée de 27 ans, se remarie à Québec avec le veuf René Ouellet, âgé de 35 ans. La cérémonie, célébrée par l’abbé Louis-Pierre Thury, a lieu en présence de plusieurs témoins, dont Nicolas Huot, leur voisin à la Grande-Anse, Martin Fouquet et son épouse Madeleine de la Porte, ainsi que Madeleine Mignault, sœur de Thérèse, avec son mari Noël Pelletier.
Huit enfants naissent du second mariage de Thérèse. De 1685 à 1696, les baptêmes Ouellet sont enregistrés à Rivière-Ouelle, où plusieurs se marieront entre 1698 et 1707. Dans ce même registre, Thérèse figure comme marraine de deux enfants autochtones : Marie-Thérèse en décembre 1690 et Louis Medat en décembre 1694 ; les colons côtoyant des Autochtones qui pêchent le saumon, le hareng et l’éperlan sur la Côte-du-Sud et à Rivière-Ouelle.
Thérèse décède en décembre 1728 à 77 ans et elle est inhumée au « Berceau de Kamouraska » six ans après son époux, René Ouellet. Ce cimetière compte plus de 1000 sépultures, dont 67 Ouellet et 34 Mignault. On y trouve la tombe de Thérèse, ainsi que celle de sa fille Marie-Anne Ouellet et de nombreux descendants issus de ses mariages avec Nicolas Lebel et René Ouellet.
Thérèse Mignault s’était probablement établie à Kamouraska pour se rapprocher de ses filles, Marie-Anne Ouellet et Angélique Lebel, ainsi que de sa sœur Charlotte mariée à Jean Dionne. Ses neveux Jean-Baptiste et Joseph Dionne assistent à ses funérailles et ils signent le registre.
La mère de Thérèse Mignault, Louise Cloutier, née le 18 mars 1632 à Mortagne-au-Perche, arrive en Nouvelle-France vers 1634 avec sa famille. À 13 ans, elle épouse François Marguerie, un coureur de bois et interprète de 33 ans. Marguerie se noie à Trois-Rivières le 23 mai 1648, laissant Louise, veuve à 16 ans.
Louise se remarie avec Jean Mignault, âgé de 26 ans, le 10 novembre 1648. Originaire de Châtillon près de Paris, Jean s’était engagé à La Rochelle en 1643 pour rejoindre la Nouvelle-France. Ils ont 10 enfants qui atteignent l’âge adulte.
En 1666, le recensement les situe à Beauport avec leurs enfants. En 1667, Jean exploite 35 arpents dans le fief de son beau-père Zacharie Cloutier. Ce dernier arrive dans la colonie en 1634 en provenance de Dieppe. Signataire d’un contrat avec Robert Giffard comme maître-charpentier, Zacharie est un fondateur de Château-Richer et pionnier de Beauport. Ce Percheron et sa femme Sainte (Xainte) Dupont sont les ancêtres de tous les Cloutier d’Amérique.
Après 1679, Jean Mignault disparaît, probablement noyé. Louise Cloutier se marie une troisième fois le 3 février 1684 avec Jean Matteau, mais aucun enfant ne naît de cette union. Louise décède en juin 1699 à Château-Richer à l’âge de 67 ans.
Louise Cloutier, mère de Thérèse Mignault, et son premier mari, François Marguerie, de même que les grands-parents maternels de Thérèse, Zacharie Cloutier et Sainte Dupont, et sa tante Anne Cloutier avec son mari Robert Drouin figurent sur la plaque des premiers colons de Québec.
Le couple Lebel-Mignault a quatre enfants.
• Jean Lebel — Né le 22 janvier 1670 à Château-Richer, il épouse Anne Soucy le 16 août 1689 à Rivière-Ouelle. Ils ont cinq enfants. En 1692, le seigneur Deschamps de la Bouteillerie lui concède une terre dans sa seigneurie de Rivière-Ouelle. Jean fait partie, avec son frère Nicolas, du groupe qui repousse la flotte du major général William Phips à l’embouchure de la rivière Ouelle en 1690. Jean décède le 6 octobre 1699, à l’âge de 29 ans, et il repose dans le premier cimetière de Rivière-Ouelle.
• Angélique Lebel — Née le 9 novembre 1672 à Château-Richer, elle épouse, le 8 janvier 1691 à Rivière-Ouelle, Mathurin Ouellet, fils issu du premier mariage de son beau-père, René Ouellet. Ils ont dix enfants.
• Nicolas Lebel — Né le 9 mai 1675 à Château-Richer, il épouse Madeleine Michaud le 23 août 1707 à Rivière-Ouelle. Ils ont six enfants. Nicolas décède avant 1722, probablement à Kamouraska.
• Joseph Lebel — Né le 3 juillet 1677 dans la seigneurie de La Pocatière, il épouse Catherine Boutin le 22 novembre 1701 à Rivière-Ouelle. Ils ont 13 enfants. Joseph décède en 1747 à Saint-Roch-des-Aulnaies.
Thérèse Mignault a huit autres enfants avec René Ouellet. Selon le recensement de 1681, ils habitent avec les trois derniers enfants Lebel et leurs deux premiers-nés Ouellet. Jean Lebel, 12 ans, est domestique chez sa cousine mariée à Nicolas Gamache. Mathurin Ouellet, fils de René, est domestique chez Pierre Gagné, et son frère Grégoire Ouellet, 10 ans, est domestique chez Madeleine Mignault, sœur de sa belle-mère, Thérèse.
Entre 1699 et 1818, 12 Lebel sont inhumés dans le premier cimetière de Rivière-Ouelle, et 79 entre 1820 et 1861 dans le second cimetière. Un monument, érigé à l’entrée du cimetière actuel en 1997 lors des fêtes du 325e anniversaire, rend hommage à Thérèse Mignault et René Ouellet.
En 1754, Jean LeBel (1712-1798), petit-fils de Nicolas Lebel et de Thérèse Mignault, construit la maison Lebel-Langlais dans le rang du Cap à Kamouraska. Comme une centaine de maisons incendiées à Kamouraska, cette vaste résidence en pierre est en partie détruite en 1759 lors de l’incendie de la Côte-du-Sud par les Anglais qui s’attaquent à tous les bâtiments sur leur passage, de Kamouraska à Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille (Montmagny).
Il semble que les habitants, cachés dans les bois à proximité, soient parvenus à éteindre l’incendie après le départ des Britanniques. La demeure de LeBel est reconstruite sur les mêmes fondations l’année suivante.
En 1973, le réalisateur Claude Jutra utilise la maison Lebel-Langlais comme manoir seigneurial dans le film Kamouraska, inspiré du roman d’Anne Hébert.