Ce marqueur rend hommage à un bâtisseur prolifique ayant marqué durablement le paysage de sa région par la construction de nombreux ouvrages que nous pouvons apprécier encore aujourd’hui.
Parc Ernest-Gagnon, chemin du Haut-de-la-Rivière, en face de l'église de Rivière-Ouelle
Crédit : Photo - Fred C. Wurtele, 1891. BAnQ
Ce marqueur met en valeur la contribution d’un bâtisseur prolifique ayant marqué durablement le paysage de la région par la construction de nombreux ouvrages que nous pouvons apprécier encore aujourd’hui.
François Soucy descend en droite ligne de Pierre Soucy et d’Élisabeth-Ursule Fouquereau ; leur fils Joseph ayant épousé Madeleine Minier à La Pocatière en 1727.
Le grand-père de François, également prénommé François et originaire de La Pocatière, décède à Saint-Louis de Kamouraska en 1840, mais il est inhumé à Saint-Roch-des-Aulnaies où il s’était marié en 1788 avec Josephte Gerbert (Jalbert)
François Soucy naît le 9 novembre 1826 à Saint-Roch-des-Aulnaies du mariage de Julie Paradis et du veuf François Soucy. François père avait épousé en 1819 Antoinette Godin de Yamachiche. De cette union sont nées trois filles : Antoinette, Marie-Delphine et Angèle. Antoinette épouse Luc Gagnon le 13 juillet 1852 et Marie-Delphine se marie à Henri Ouellet le 6 juillet 1847. Un fils décède peu après la naissance
Antoinette Godin décède en 1825 à 24 ans à Trois-Rivières. François Soucy père épouse l’année suivante, soit le 31 janvier 1826, Julie Paradis à Saint-Louis-de-Kamouraska. Ils ont huit enfants dont sept survivent : François, Thomas, Théodore et Joseph, et Julie, Émilie et Georgiana.
En 1853, François Soucy fils épouse la veuve Mathilde (Martine) Tardif de Sainte-Hélène, veuve de Florentin Sirois de Saint-André, décédé en 1851 à Québec sans laisser de descendance.
Le mariage de François et Mathilde est inscrit à Sainte-Hélène et à Saint-Alexandre de Kamouraska. Il semble que le curé Joseph Matte ait inscrit certains actes dans les deux registres. Il est curé résidant à la paroisse Saint-Alexandre et il dessert la paroisse de Sainte-Hélène qui n’a pas encore de presbytère ni de curé résidant, du moins pas à la fin du mois de novembre 1854 alors qu’un presbytère s’y construit.
Mathilde Tardif décède en 1890 à Saint-Antonin à 76 ans. François se remarie cinq ans plus tard avec la veuve Georgina Moreau. Les deux fils issus du premier mariage de Georgina ne sont pas encore mariés : Alfred Nickner se mariera dans le Maine en 1896 et son frère, Alphée Nickner, se mariera en 1897 à Saint-Antonin. Georgina survit plus de vingt ans à la mort de son second époux François Soucy décédé en 1902 à 76 ans
François et Mathilde ont trois fils, tous nés à Sainte-Hélène-de-Kamouraska. L’aîné, François-Florentin, né le 8 avril 1855, épouse à Saint-Louis-de-Kamouraska en 1880, Marie Roy qui lui donnera trois filles, Hermance, née le 14 juillet 1881, Irma Laura, née le 20 juillet 1882 et Dola née en 1883. Marie Roy décède le 3 juillet 1886 en laissant une descendance Michaud par sa fille Hermance et Pelletier par Irma Laura. En 1888, François-Florentin épouse en secondes noces Émilie Leclerc, originaire de l’endroit. Émilie met au monde deux filles et cinq garçons : Bernadette en 1892 et Marguerite en 1901 ; Joseph Florentin en 1894, Wilfrid Pierre en 1897, Jean-Baptiste en 1899, et Paul-Émile en 1907. François-Florentin Soucy suit les traces de son père. Il décède en 1933 laissant de nombreux descendants et particulièrement ses trois fils Joseph F., Albert et Wilfrid P. qui poursuivront son œuvre.
Son frère Eugène-Arthur Soucy, né le 12 mai 1856, est cultivateur et marchand. Il épouse Arthémise Ouellet en 1877 à Saint-Louis-de-Kamouraska et il décède en 1882 à Saint-Antonin ; il a 26 ans. Arthémise se remariera à deux reprises par la suite sans avoir d’autres enfants. Eugène-Arthur est l’arrière-grand-père d’Alain Soucy, un des fondateurs de l’Association des Familles Soucy, qui a grandement contribué à faire connaître la généalogie et l’histoire des ancêtres Soucy.
Enfin, le 2 septembre 1857 naît Joseph Gabélus Soucy, le troisième fils de Mathilde (Martine) et François. Joseph Gabélus épouse Hélène Levasseur en 1880 à Saint-Alexandre. Ils ont quatre enfants et Joseph Gabélus Soucy décède à Rumford, Maine, le 6 novembre 1935 à l’âge de 78 ans.
François Soucy fils aurait d’abord été cultivateur comme son père avant de devenir ouvrier. Autodidacte, il devient constructeur-artisan et aurait réalisé en 1859 son premier projet de construction dont on trouve un acte notarié : le presbytère de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Il concrétise plusieurs projets de construction et de rénovation d’églises et de presbytères, mais aussi de bâtiments publics, de gares de trains et de ponts en s’associant notamment avec l’architecte David Ouellet.
François Soucy construit, rénove ou parachève la construction d’au moins huit églises dont cinq dans le Kamouraska soit celles de Sainte-Hélène-de-Kamouraska (1870-1874), Notre-Dame-de-Liesse à Rivière-Ouelle (1874-1877), Saint-Philippe-de-Néri (1880-1884), Saint-Germain (1882-1883), Saint-Louis-de-Kamouraska (1882-1883) et Saint-Denis (1886-1887). On lui attribue également la construction de deux églises dans le Témiscouata : Saint-Antonin (1872-1873) et Notre-Dame-du-Lac/Témiscouata-sur-le-Lac (1873-1875).
François Soucy fonde l’entreprise familiale qui prendra plus tard le nom de F. F. Soucy, du nom de son fils François-Florentin à qui l’on doit la construction de l’Usine de pâtes Mohawk à Saint-Antonin, aussi connue sous le nom de Moulin Soucy ou Usine F. F. Soucy. Puisque le père et le fils travaillent pendant la même période et puisque seul le fils sait signer, on attribue souvent à tort au fils certains travaux du père, particulièrement ceux de plusieurs églises comme celle de Rivière-Ouelle.
À la fin de sa carrière, soit vers la fin des années 1880 et le début des années 1890, François Soucy s’identifie comme ouvrier et cultivateur et son fils comme entrepreneur comme en témoigne le recensement de 1891. Lors du recensement de 1901, soit dix ans plus tard, François est cultivateur et son fils est mécanicien. François Soucy décède le 21 décembre 1902.
David Ouellet (1844-1915), originaire de La Malbaie, étudie au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avec l’abbé Stanislas Vallée, architecte. Il entre ensuite comme apprenti chez François-Xavier Berlinguet, architecte et sculpteur, où il travaille notamment avec le sculpteur Louis Jobin. Après un séjour à Montréal, il s’établit à Québec où il ouvre son premier bureau d’architecte et un atelier de sculpture et collabore avec le doreur Louis Alméras. Son premier projet est celui de l’église Notre-Dame-de-Liesse de Rivière-Ouelle (1876-1877). Dans le Kamouraska, on lui doit également l’église Saint-Louis-de-Kamouraska (1883) et celle de Saint-Denis (1886). Il réalise aussi un plan-relief du village de Sainte-Anne-de-la-Pocatière qui reçoit une mention honorable lors de l’exposition universelle de Paris en 1867.
À la fin des années 1870, la quatrième église de Rivière-Ouelle, si l’on compte la première chapelle comme église, est érigée. Avec l’architecte David Ouellet, François Soucy, responsable de la maçonnerie et de la charpente, figure parmi les principaux artisans avec Joseph Dion de Sainte-Hénédine, responsable de la menuiserie intérieure, de la peinture et de la dorure.
L’église terminée, c’est au tour du presbytère de Rivière-Ouelle d’être reconstruit. Le décret de l’évêque daté du 17 janvier 1881 prévoit que le même entrepreneur qui avait « élevé » l’église, François Soucy, se verra confier la démolition et la reconstruction du presbytère. En 1883, le presbytère est terminé.
Le presbytère, classé comme immeuble patrimonial, est décrit au répertoire du patrimoine culturel comme « un bâtiment en bois de grandes dimensions, de plan rectangulaire, à deux étages, coiffé d’une toiture mansardée à quatre versants. Il comporte une annexe à l’arrière du corps de logis initial. »
Durant la période qui nous intéresse, deux tremblements de terre ébranlent l’église de Rivière-Ouelle : en octobre 1860 (magnitude de 6,0) et en octobre 1870 (magnitude 6,5). En 1870, les dégâts matériels sont considérables et l’église, le couvent et le presbytère sont endommagés. C’est l’abbé Éloi-Victorien Dion qui fait construire l’église actuelle et le presbytère.
Sur les 25 séismes qui figurent au palmarès des plus importants tremblements de terre au Canada entre 1663 et 2010, sept ont eu lieu au Québec, dont six dans la région de Charlevoix-Kamouraska. Cette zone sismique a subi cinq tremblements de terre de magnitude égale ou supérieure à 6, soit en 1663, 1791, 1860, 1870 et 1925.
Localement, seul le séisme de 1925 a été enregistré par des sismographes. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette activité sismique dans une région où on ne devrait pas s’attendre à avoir autant de tremblements de terre, mais aucune ne fait encore consensus. L’hypothèse la plus souvent avancée est celle de la météorite.
Selon l’historien Paul-Henri Hudon, originaire de Rivière-Ouelle, c’est aussi l’abbé Dion qui cède à la municipalité le terrain sur lequel le pont Gagnon prend appui. En effet, en mai 1889, la municipalité et la Fabrique obtiennent de l’évêque l’autorisation de construire le pont sur le terrain de la Fabrique.
Le pont porte le nom du député Charles-Antoine-Ernest Gagnon. Né à Rivière-Ouelle le 4 décembre 1846, Gagnon y passe son enfance et fait ses études au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avant d’entreprendre des études de notariat. Il s’implique activement dans sa communauté avant de faire le saut en politique en 1880. Défait, il devra attendre jusqu’en 1886 pour être au pouvoir comme député du parti libéral nationaliste. Le premier ministre d’alors, Honoré Mercier, le nomme ministre et en tant que tel il assume la charge de secrétaire provincial de 1886 à 1890
Selon le recherchiste Richard Lapointe, à l’Assemblée législative, Gagnon défend tant les intérêts de sa circonscription que les mesures qu’il croit justes et nécessaires à la bonne marche du système politique et judiciaire. Parmi ses nombreuses interventions, il note celle en faveur de la reconstruction du palais de justice de Kamouraska, détruit par un incendie.
Selon Marc-Urbain Proulx, le palais de justice de Kamouraska, construit par François Soucy en 1888, témoigne du rôle majeur qu’a joué le village de Kamouraska dans l’histoire régionale à titre de chef-lieu d’un district couvrant une grande partie de l’est du Québec. Cet édifice aux allures de forteresse avec ses tourelles, ses créneaux et ses chambres fortes a été témoin de l’histoire judiciaire du comté avant de se voir retirer sa vocation première en 1913. Cité monument historique, ce bâtiment institutionnel d’inspiration Second Empire comprend plusieurs éléments de décor empruntés au style forteresse.