Pierre Soucy (fils de Jean Soucy et de Jeanne Savonnet) et son épouse, Élisabeth Ursule Fouquereau, s’établissent vers 1699 sur une terre dans la Grande-Anse de La Pocatière.
À l'entrée du terrain de l'évêché La Pocatière (route 132)
Crédit : Photo - Nicolas Gagnon
En 1697, Pierre Soucy obtient une concession située au sud de l’embouchure de la rivière Saint-Jean, dans la seigneurie de la Grande-Anse. Cette terre (lot numéro 12) de 4 arpents de front sur 42 arpents de profondeur est localisée à l’endroit où se trouve actuellement l’édifice abritant l’évêché de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
La seigneurie de la Grande-Anse désigne des territoires différents selon les époques. Jusqu’en 1715, elle s’étend entre la pointe de Saint-Roch-des-Aulnaies et celle de la rivière Ouelle. C’est en 1656 que Nicolas Juchereau de Saint-Denis reçoit ce territoire qui correspond en gros aux premières paroisses de Saint-Roch-des-Aulnaies et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. En 1670, Juchereau cède une partie du fief et terre de Kamisitsit, nommé ainsi par les autochtones et que les Français appellent la Grande-Anse, à son gendre Pollet de La Combe-Pocatière, époux de sa fille Marie-Anne. En 1672, peu après le décès de La Combe-Pocatière, Talon concède ce territoire, la seigneurie de La Pocatière, à Marie-Anne Juchereau, veuve de Pollet.
À la fin du XVIIe siècle, un premier groupe de colons, dont Pierre Soucy, s’établit dans la Grande-Anse, sur les terres de la seigneuresse de La Pocatière. L’archiviste, historien et généalogiste Léon Roy, dans son livre Les Terres de la Grande-Anse des Aulnaies et du Port-Joly, situe l’emplacement des premières concessions dont celle de Pierre Soucy.
Pierre Soucy, né le 13 avril 1673 à l’Île-aux-Oies, est le premier fils de Jean Soucy dit La Vigne et Jeanne Savonnet, ancêtres de tous les Soucy d’Amérique.
Jean Soucy décède alors que ses quatre enfants, Pierre, Anne, Marie-Anne et Guillaume ont moins de 10 ans. En 1679, la mère de Pierre épouse Damien Bérubé, habitant de la seigneurie de La Bouteillerie (Rivière-Ouelle) et c’est là que grandiront les enfants Soucy et leurs demi-sœurs et demi-frères Bérubé. Deux ans après avoir reçu la concession de la Grande-Anse, soit le 13 janvier 1699, Pierre Soucy épouse à Rivière-Ouelle Élisabeth-Ursule Fouquereau, née le 22 août 1679 à Neuville. Ils élèvent leur douzaine d’enfants sur la terre de la Grande-Anse qu’ils vendront en 1738.
De l’union de Pierre et Élisabeth-Ursule naissent sept filles et cinq garçons dont huit se marient et fondent des familles à Rivière-Ouelle, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière et ailleurs au pays. Élisabeth-Ursule Fouquereau et Pierre Soucy ont quelques points en commun bien avant leur mariage. Ils connaissent les grandes familles de « plusieurs lits » puisque leurs mères, toutes deux Filles du roi, se sont mariées plusieurs fois. Pierre et Élisabeth-Ursule ont donc tous les deux grandi entourés de frères et de sœurs, mais aussi de demi-frères et de demi-sœurs.
La première mention de la présence de Jean Soucy dit La Vigne en Nouvelle-France, comme soldat de la compagnie de Grandfontaine du régiment de Carignan, remonte à l’été 1665, plus précisément le 17 août.
On ne sait pas exactement à quel moment Jean Soucy épouse Jeanne Savonnet puisque leur acte de mariage est introuvable, mais ce serait avant 1671, alors que naît leur premier enfant. Jean et Jeanne s’établissent dans la seigneurie de l’Île-aux-Oies avant de s’installer dans la seigneurie de l’Île-aux-Grues, sur une terre qui leur est concédée.
Les origines de Jean Soucy sont encore obscures. Le foyer principal actuel des Soucy de France demeure la Normandie mais, selon l’Association des familles Soucy, Jean était possiblement originaire d’une région plus au sud. Jean épouse Jeanne Savonnet en 1670. À ce jour, les documents concernant leur mariage sont demeurés introuvables. Jean Soucy dit La Vigne décède dans des circonstances inconnues. Ici encore les documents confirmant le décès de Jean avant 1679, année du remariage de sa veuve, demeurent introuvables.
Jeanne Savonnet, fille de Jacques Savonnet et d’Antoinette Babilette Parmentier (selon PRDH), serait née vers 1649 à Paris. Elle quitte Paris pour la Nouvelle-France en 1670 et aurait épousé Jean Soucy dit La Vigne peu après son arrivée. Jeanne Savonnet, mère de Pierre Soucy, est Fille du roi comme Jeanne Rossignol Grossoneau, mère de sa belle-fille Élisabeth-Ursule Fouquereau épouse de Pierre.
Au sujet des Filles du roi, le registre du patrimoine culturel du Québec nous apprend que « Pendant dix ans, elles sont entre 764 et 1 000 à profiter de cette initiative royale et à s’installer dans la colonie. Le taux de natalité en Nouvelle-France atteint alors les 63 naissances par 1 000 habitants. Conséquemment, les Filles du roi ont largement contribué à faire doubler la population coloniale de 1666 à 1672. »
Il n’est pas faux d’avancer que sans les Filles du roi, la colonie française en Amérique n’aurait pas subsisté très longtemps et que le fait français au Québec n’aurait certainement pas la même portée, la même importance. Rappelons que la venue des Filles du roi en Nouvelle-France a été rendue possible, parce qu’elles étaient prises en charge par le roi qui assurait l’habillement et les frais de la traversée de l’Atlantique en plus d’octroyer à chacune d’elles une dot royale d’au moins 50 livres tournois et parfois plus importante.
La veuve Jeanne Savonnet est responsable de quatre jeunes enfants lorsqu’elle épouse Damien Bérubé qui les prend en charge. De son union avec Damien naissent six autres enfants. L’aînée, Jeanne-Marguerite, épouse René Plourde et ils s’établissent sur la terre Bérubé. Damien décède le 7 mars 1688, à 41 ans, le même jour que ses filles Josèphe et Thérèse, probablement des suites d’une épidémie qui sévit alors en Nouvelle-France.
Le 7 novembre 1692, Jeanne Savonnet épouse, en troisièmes noces, François Miville. Devenu veuf depuis le mois d’août 1687, Miville était alors responsable de nombreux enfants. Au début de l’année 1688, il devient tuteur des enfants de son frère Jacques et de sa belle-sœur Catherine Baillon. François loue une terre à Rivière-Ouelle le 7 novembre 1689 et s’y établit définitivement. Après le mariage de Jeanne avec François Miville, le 7 novembre 1692, les enfants Bérubé vivent avec eux, les enfants Miville et Soucy étant mariés ou en mesure de subvenir à leurs besoins ou sous la garde d’autres personnes. Plus tard naîtra Marie-Françoise Miville, issue du troisième mariage de Jeanne.
Jeanne décède le 12 mars 1721 et elle est inhumée dans le cimetière de Rivière-Ouelle le jour suivant. Mère de 11 enfants, ancêtre de tous les Soucy et Bérubé d’Amérique, Jeanne Savonnet est également, par le mariage de ses enfants, l’ancêtre des descendants d’autres familles telles les Bois, Lebel, Morais, Plourde et Roussel.
Anne Soucy, sœur aînée de Pierre, épouse Jean Lebel, fils des pionniers Nicolas Lebel et Thérèse Mignault, le 16 août 1689 à Rivière-Ouelle. Ils ont cinq enfants. Jean décède le 6 octobre 1699 et Anne se remarie avec Jacques Bois le 24 novembre 1704 à Rivière-Ouelle ; ils ont sept enfants. Jacques décède en 1741 et Anne décède en 1743 à Rivière-Ouelle à 71 ans. Anne Soucy deviendra la mère des descendants de Jean Lebel par son premier mariage et de ceux de Jacques Bois par son second mariage
Le 24 novembre 1701 à Rivière-Ouelle, Marie-Anne Soucy, sœur de Pierre, épouse Charles Pelletier, fils de Noël Pelletier et de Marie-Madeleine Mignault et cousin de son beau-frère Jean Lebel. Marie-Anne et Charles ont un seul fils Joseph (1706-1723) qui décède à 17 ans. Charles décède en 1713 et Marie-Anne épouse en secondes noces Robert Gaulin le 15 avril 1716 à l’Île d’Orléans. Gaulin décède en 1723 et elle épouse, en troisièmes noces, Charles Dubois Brisebois le 29 septembre 1732 à Laval. De ces deux derniers mariages, elle n’a aucun enfant. Marie-Anne est inhumée à Yamaska en 1755. Enfin, Guillaume Soucy, né dans la seigneurie de l’ïle-aux-Grues comme son frère Pierre et ses sœurs, épouse Marguerite Bouchard, fille des pionniers rivelois Michel Bouchard et Marie Trottain. Leur unique fils, Jean-Baptiste dit Guillaume, épouse Catherine Demers Dumais. De cette union naissent trois enfants. La lignée de Guillaume est aujourd’hui éteinte : son unique petit-fils est décédé sans postérité.
Le Marqueur Bérubé-Savonnet signale l’emplacement de la terre de Damien Bérubé où grandiront les enfants Soucy avec leurs demi-frères et demi-sœurs Bérubé et il honore le souvenir de Damien Bérubé et de Jeanne Savonnet. Consultez l’onglet qui en traite dans la présente section de notre site Web et découvrez ce marqueur en vous rendant sur le chemin du Sud-de-la-Rivière à Rivière-Ouelle.
Le Marqueur Plourde-Bérubé signale la terre de Jeanne-Marguerite Bérubé, demi-sœur de Pierre Soucy et fille de Jeanne Savonnet et Damien Bérubé, et il rend hommage à son mari René Plourde. Consultez l’onglet qui en traite dans la présente section de notre site Web et découvrez ce marqueur en vous rendant sur le chemin du Sud-de-la-Rivière à Rivière-Ouelle.
Urbain-Pierre Fouquereau, né en Anjou vers 1653, épouse la veuve Jeanne Rossignol Grossoneau le 28 décembre 1676 à Québec. Jeanne est originaire de Montfort-l’Amaury, dans les Yvelines en France. Elle arrive en Nouvelle-France en 1670 comme Fille du roi et, la même année, elle épouse Charles Petit ; elle a 20 ans (fichier Origine). Neuville est l’un des endroits où il y a eu le plus de Filles du roi qui ont marié des habitants de l’endroit. Anne Gasnier, connue comme accompagnatrice des Filles du roi et épouse de Jean Bourdon, premier seigneur de Neuville, les aurait favorisés.
Deux fils naissent du premier mariage de Jeanne : Jacques et Nicolas Petit. Charles Petit décède à une date inconnue vers 1673, l’année de la naissance de Nicolas. Jeanne épouse ensuite le Poitevin Jacques Forget en 1674. De cette union naît un fils : Jean-Baptiste. Du troisième mariage de Jeanne Rossignol avec Urbain-Pierre Fouquereau, le 28 décembre 1676 à Québec, sont issus au moins six enfants dont Élisabeth-Ursule, l’aînée. On sait peu de choses sur Urbain-Pierre sinon qu’il serait né vers 1653 à Continoir, en Angers, et qu’il décède vers l’âge de 50 ans en février 1700 dans la seigneurie de Dombourg qui prendra, à partir de 1680, le nom du deuxième seigneur de l’endroit : Nicolas Dupont de Neuville. Les frères et sœurs d’Élisabeth-Ursule semblent s’être établis dans les régions de Laprairie, de Repentigny, de Pierrefonds… Jeanne épousera, en quatrième noces, le veuf François Huard le 2 septembre 1704 à Neuville. Huard décède sans descendance en 1722 et Jeanne Rossignol, en 1712 ; elle avait 61 ans.
Trois fils de Pierre Soucy et Élisabeth-Ursule Fouquereau ont une descendance qui perpétue le nom Soucy jusqu’à nos jours : Pierre, Joseph et François. À la fin du XXe siècle, Soucy figure au 239e rang des noms de famille du Québec.
Pierre Soucy, fils de Pierre et d’Élisabeth-Ursule, épouse Jeanne Michaud le 20 juillet 1723 dans la seigneurie de La Bouteillerie. Son frère Joseph épouse Madeleine Minier dit Lagacé (selon PRDH) dans la seigneurie de La Pocatière le 7 janvier 1727. François Soucy épouse Claire Rousseau à L’Islet le 3 juillet 1735. Quant à Charles-François né en 1721, il décède le 20 septembre 1753 au Fort de la Presqu’île, sur les rives du lac Érié. Marie-Anne Soucy naît en 1700 et elle épouse Augustin Dubé en 1721. La seconde fille de la famille, prénommée comme sa mère Ursule-Élisabeth, naît en 1706 et elle épouse, en 1724, Michel Mignault. Madeleine Soucy, née en 1708, épouse, en 1726, Guillaume Miville-Deschênes, fils de Jean Miville-Deschênes et de Madeleine Dubé. En 1733, Françoise Soucy épouse Bernard Miville-Deschênes, frère de Guillaume. Enfin, Catherine Soucy épouse Louis Moreau en 1734.
Pour en savoir plus sur les descendants de Pierre Soucy et Élisabeth-Ursule Fouquereau, cliquer ici et consultez les informations généalogiques publiées par l’Association des familles Soucy.
Élisabeth-Ursule Fouquereau décède le 31 décembre 1758 à Rivière-Ouelle et elle est inhumée le lendemain, le 1er janvier 1759. Pierre Soucy y décède un an plus tard soit le 7 janvier 1760.
Jeanne Savonnet, sa fille aînée Anne Soucy, ainsi que son deuxième époux Damien Bérubé, ses filles Marie-Anne et Thérèse Bérubé et de nombreux petits-enfants sont inhumés dans le premier cimetière de Rivière-Ouelle. Il se trouvait alors en bordure du cimetière actuel, à l’intersection de la Route 132 et du chemin du Haut-de-la-Rivière. Quelques membres de la famille Soucy sont inhumés dans le cimetière actuel.