Damien Bérubé et Jeanne Savonnet font partie des familles fondatrices de la seigneurie de La Bouteillerie en obtenant une terre donnant sur la rivière Ouelle.
112, chemin du Sud-de-la-Rivière à Rivière-Ouelle
Crédit : Photo - Élisabeth Hudon
En 1674, le Normand Damien Bérubé (Berrubey) reçoit du seigneur Jean-Baptiste-François Deschamps une terre longeant la rivière Ouelle au nord, dans la seigneurie de La Bouteillerie. En fait, Damien Bérubé participe à la fondation de la seigneurie qui a été concédée un peu plus plus tôt.
Les écrits sur la localisation exacte de cette terre divergent, mais l’Association des familles Bérubé donne raison à l’historien Paul-Henri Hudon qui la place au sud-ouest de la rivière Ouelle. Elle serait bornée à l’ouest par la terre de Galeran Boucher et à l’est en partie par celle des représentants de Jacques Thiboutot et en partie par des terres non concédées. Pour la localisation du Marqueur Bérubé-Savonnet, la Municipalité de Rivière-Ouelle, tout comme Parcours Fil Rouge, ont opté pour cet emplacement. Reconstituer précisément le tracé des lots représente un défi puisqu’il varie selon les époques, les subdivisions, etc.
La carte qui suit est tirée du livre Rivière-Ouelle terre d’accueil depuis 1672 (Recherche : François Taillon et Michel Dumais de la société historique de la Côte-du-Sud), publié par la Municipalité de Rivière-Ouelle en 2014. On y précise qu’elle fait référence à la cartographie du territoire (Concessions à Rivière-Ouelle vers 1686) établie par Paul-Henri Hudon (Rivière-Ouelle de La Bouteillerie, 3 siècles de vie, 1972).
Damien Bérubé est originaire de Rocquefort en Normandie. Il serait débarqué en Nouvelle-France en provenance de Dieppe à bord du Saint-Jean-Baptiste et la première mention de sa présence dans la colonie remonte à 1671. Comme d’autres, il aurait décidé de braver l’océan pour améliorer son sort, étant donné que la situation économique est difficile pour plus d’un en France.
Après s’être établi dans la seigneurie de La Bouteillerie, Damien épouse la veuve Jeanne Savonnet (Savonet) le 22 août 1679. Ils sont les premiers à se marier et à inscrire leurs noms dans les registres de la paroisse Notre-Dame-de-Bon-Secours de L’Islet alors que Jeanne aurait résidé dans la seigneurie de l’Île-aux-Grues. Au recensement de 1681, ils possèdent un fusil, six bêtes à cornes et dix arpents de terre.
Le 7 mars 1688, à 41 ans, Damien décède le même jour que ses filles Josèphe et Thérèse, quelques mois avant la naissance de leur dernier fils, Mathurin. Jeanne Savonnet se remarie le 7 novembre 1692 avec le veuf François Miville avec qui elle a une autre fille : Marie-Françoise Miville. En 1708, Jeanne Savonnet fait le partage de la terre ancestrale Bérubé entre ses quatre enfants Bérubé. Or comme l’un des enfants, Ignace, décède vers 1709, la terre des Bérubé se retrouve partagée entre Jeanne-Marguerite, mariée à René Plourde, Mathurin et Pierre.
Damien est un des premiers censitaires de la jeune seigneurie de La Bouteillerie. En compagnie de Jacques Thiboutot et de Robert Lévesque, il aurait voyagé jusqu’en Nouvelle-France avec Jean-Baptiste-François Deschamps, futur seigneur de La Bouteillerie originaire d’une commune voisine. Dans son désir d’obtenir une seigneurie, Deschamps a besoin d’hommes, des charpentiers et des maçons, comme Damien, entre autres, pour construire maison et défricher la terre. En 1672, Deschamps obtient sa seigneurie et Damien Bérubé obtient sa terre quelques années plus tard. La carte illustre le tracé de sa terre vers 1686.
Fils de Robert et de Catherine Ferrecoq, Damien est originaire de Rocquefort en Normandie. L’Association des familles Bérubé rappelle que le patronyme et ses nombreuses variantes, notamment Beruby, Berrubey, Bérubé remontent au Moyen-âge. Celui-ci fut d’abord un nom de lieu en Angleterre et auparavant, en Scandinavie, avant d’être porté par de nombreux individus, à compter du XIIIe siècle, les plus anciennes traces de la forme Bérubé apparaissant dans un registre du Yorkshire en 1540, pour un baptême, et ensuite en Haute-Normandie durant la même décennie, pour des mariages.
Damien est baptisé le 2 février 1647 et ses parrain et marraine ne sont nuls autres que Jean Deschamps de Boishébert, seigneur de Costecoste, de Montaubert et des Landres, et d’Élisabeth Debain, parents de Jean-Baptiste-François Deschamps de La Bouteillerie, son aîné d’un an qui deviendra seigneur de La Bouteillerie en Nouvelle-France.
Jeanne Savonnet s’embarque pour la Nouvelle-France en 1670 comme Fille du roi et elle profite du fait que la traversée de l’Atlantique est payée par le roi en plus de recevoir une dot et son habillement. Elle épouse Jean Soucy dit La Vigne peu de temps après son arrivée dans la colonie et le couple s’établit dans la seigneurie de l’Île-aux-Oies, comme le rappelle l’Association des familles Soucy puis dans celle de l’Île-aux-Grues. Anne, Pierre, Marie-Anne et Guillaume Soucy naissent de ce premier mariage.
Jean Soucy décède prématurément. La veuve Jeanne Savonnet est alors responsable de quatre enfants, tous âgés de moins de dix ans, lorsqu’elle épouse Damien Bérubé qui les prend en charge. De cette nouvelle union naissent six enfants.
Damien étant décédé en 1688, Jeanne épouse en troisièmes noces le veuf François Miville. Elle aura attendu quatre ans pour se remarier. Cela peut s’expliquer par le fait que ses enfants Soucy, alors âgés de 17 à 11 ans, sont en mesure de l’aider dans les tâches quotidiennes. Devenu veuf depuis le mois d’août 1687, François Miville est responsable de nombreux enfants. Au début de l’année 1688, il devient tuteur des enfants de son frère Jacques et de sa belle-sœur Catherine Baillon. François loue une terre à Rivière-Ouelle le 7 novembre 1689 et s’y établit définitivement.
Après le mariage de Jeanne avec François Miville, le 7 novembre 1692, les enfants Bérubé vivent avec eux, les enfants Miville et Soucy étant mariés ou en mesure de subvenir à leurs besoins ou sous la garde d’autres personnes. Plus tard naîtra Marie-Françoise Miville, issue du troisième mariage de Jeanne. Durant ses trois mariages, Jeanne Savonnet met au monde 11 enfants. Elle est l’ancêtre de tous les descendants des familles Soucy et Bérubé d’Amérique. Par le mariage de ses enfants, elle est aussi l’ancêtre d’autres familles telles les Bois, Lebel, Morais, Plourde et Roussel.
Le couple Bérubé-Savonnet reflète bien le contexte de vie en Nouvelle-France à cette époque. Damien part à l’aventure et obtient sa terre. Il réside déjà dans la seigneurie de La Bouteillerie au moment de son mariage alors que Jeanne est probablement arrivée dès après son mariage en août 1679.
Les premiers enfants du couple sont baptisés à Rivière-Ouelle par un missionnaire qui inscrit les actes de baptême dans les registres de la chapelle la plus proche en retournant vers Québec ; pour l’aînée, c’est à L’Islet pour Pierre c’est à Cap-Saint-Ignace. En effet, il faudra attendre 1685 pour qu’un premier curé résidant soit nommé dans la seigneurie de La Bouteillerie et que s’ouvrent les registres de la nouvelle paroisse Notre-Dame-de-Liesse.
L’année 1688 marque les méfaits d’une épidémie en Nouvelle-France, probablement la petite vérole (variole). Certains historiens la nomment typhus ; d’autres parlent de rougeole ou de variole. Elle touche autant les colons français que les Autochtones et Rivière-Ouelle n’est pas épargnée ; on y enregistre un grand nombre de décès : riches comme pauvres, citadins comme ruraux, adultes comme enfants, habitants de Québec comme de Rivière-Ouelle où l’on enregistre neuf décès entre décembre 1687 et le milieu de mars 1688.
Le 7 mars 1688, Damien Bérubé ainsi que ses filles Josèphe et Thérèse décèdent. Dès le lendemain, les trois victimes sont inhumées dans le premier cimetière de Rivière-Ouelle. Le premier acte de sépulture inscrit au registre de la paroisse Notre-Dame-de-Liesse est celui de Jacques Miville-Deschênes décédé le 27 janvier 1688 et sa femme Catherine Baillon meurt quelques jours après lui.
Damien Bérubé et sa femme Jeanne ont trois garçons et trois filles. De ce nombre, trois laissent une descendance : Jeanne-Marguerite, Pierre et Mathurin. Quatre enfants épousent des descendants de quatre autres familles fondatrices de la seigneurie : Plourde (Pelourde), Dancause (Dancosse), Ouellet (Hoüallet) et Miville-Deschênes.
Jeanne-Marguerite, fille aînée de la famille, hérite, à la mort de son père, comme ses trois frères Pierre, Ignace et Mathurin du quart de la terre ancestrale faisant partie de la seigneurie de La Bouteillerie. Jeanne-Marguerite épouse le pionnier René Plourde. À sa mort, à l’âge de 29 ans seulement, sa part de la terre Bérubé est divisée entre ses cinq enfants Plourde, alors mineurs. Le Marqueur Plourde-Bérubé indique l’emplacement de la terre qu’ont occupé René Plourde et Jeanne-Marguerite Bérubé, fille de Jeanne Savonnet. Consultez l’onglet qui en traite dans la présente section de notre site Web et découvrez ce marqueur en vous déplaçant sur le chemin du-Sud-de-la-Rivière à Rivière-Ouelle, quelques mètres à l’est du Marqueur Bérubé-Savonnet.
Le 16 août 1707, Ignace Bérubé épouse Angélique Marguerite Ouellet, fille de René et de Thérèse Mignault. Ignace décède le 7 mars 1709, sans avoir eu d’enfant. Quant à Mathurin, cadet de la famille, nait orphelin de père. Mathurin épouse, le 6 avril 1712, Angélique Miville-Deschênes, fille de Jean Miville, neveu de son beau-père François Miville, troisième mari de sa mère Jeanne Savonnet.
Pierre Bérubé épouse Geneviève Dancause, fille des pionniers Pierre Dancause et Madeleine Bouchard. Ensemble, ils ont 14 enfants dont dix fondent à leur tour une famille et contribuent à multiplier le nom des Bérubé. Pierre Bérubé est associé à la pêche aux marsouins, activité prisée pendant des décennies et transmise de génération en génération à la pointe de Rivière-Ouelle. Damien Bérubé et Jeanne Savonnet ont une trentaine de petits-enfants, dont près d’une dizaine de garçons mariés qui perpétuent le nom de Bérubé.
Jeanne Savonnet décède le 12 mars 1721 et elle est inhumée dans le cimetière de Rivière-Ouelle le jour suivant. Michel Langlois, dans son Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608-1700), rappelle que le notaire Étienne Jeanneau « procède à la vente de ses meubles le 16 novembre suivant. On relève, entre autres choses, une robe de chambre de droguet valant 5 livres, une marmite évaluée à 5 livres, un rouet estimé à 3 livres et un cochon d’une valeur de 20 livres. »
Damien Bérubé, tous leurs enfants Bérubé ainsi que la fille aînée de Jeanne, Anne Soucy, son fils Pierre Soucy et sa plus jeune fille, Marie-Françoise Miville, reposent aussi dans le premier cimetière de Rivière-Ouelle. Il se trouvait en bordure du cimetière actuel, à l’intersection de la Route 132 et du chemin du Haut-de-la-Rivière. Il est abandonné progressivement entre 1818 et 1838.
Le deuxième cimetière de Rivière-Ouelle se situait à l’arrière de l’église et s’étirait vers le sud-est, entre l’église et l’école primaire Vents-et-Marées. Les sépultures y sont ensevelies jusqu’à la fin du XIXe siècle puis transférées dans le cimetière actuel en 1882 et en 1890. Plusieurs autres membres de la famille Bérubé sont inhumés dans le cimetière actuel.
Cet ouvrage traite de l’histoire du nom, d’abord utilisé par les Vikings comme nom de lieu, en Scandinavie et en Angleterre, sous des formes comme Bergheby, Berheby, Bergaby, Bergeby ou Berghby, il y a plus de 1000 ans. Le nom est devenu patronyme chez les Normands qui régnaient en Angleterre au XIIe siècle sous différentes formes comme Berruby, Beruby ou Baroby, voire Barube en latin. On y retrace plusieurs porteurs du nom qui ont vécu à l’époque de la domination normande et française sur l’Angleterre, de l’invasion du duc Guillaume en 1066 à la fin du règne des Plantagenêt en 1399.
D’abord produit au bénéfice des membres de l’Association des familles Bérubé, le volume est disponible en s’adressant à l’Association et contre un don de 10$ ou plus.
Le 20 février 2009, la Couronne du Canada par l’intermédiaire de l’Autorité héraldique concède de nouvelles armoiries.
La tête de léopard (c’est-à-dire, dans le blason français, une tête de lion posée de front) représente l’origine normande de Damien Berrubé, l’ancêtre des Bérubé nord-américains. Les annelets qui représentent ici trois siècles d’histoire symbolisent aussi les trois vertus nommées dans la devise ainsi que la foi chrétienne de Damien. Le bastillé fait allusion à une muraille et illustre le métier de maçon que pratiquait l’ancêtre. La fleur de lis représente la France et la Nouvelle-France, alors que le navire et la gerbe de blé évoquent les métiers des toutes premières générations des Bérubé en Amérique.
Cimier
L’écureuil et le chevron sont repris du cimier des armoiries attribuées au Barroby, ici dans des couleurs inversées. Ils évoquent donc des patronymes aux racines non éloignées de celles des Bérubé
Blason
Armes
Parti de gueules et de sinople à une tête de léopard, tenant dans sa gueule trois annelets entrelacés d’or, brochante sur le parti ; au chef bastillé d’azur chargé d’une fleur de lis accostée d’une gerbe de blé et d’un navire trois mâts, le tout d’or.
Cimier
Un écureuil séant d’or, chargé sur l’épaule d’un chevron d’azur et cassant une noix au naturel.
Devise
« FIDE ANIMO ET SAPIENTIA » signifiant « Avec foi, courage et sagesse »